Ouanaminthe,
le 11 Août 2015
Conférence organisée à l’occasion de la foire du livre
par la Jeune Chambre Internationale (JCI)
Thème traité
‘’L’importance de la
psychologie dans le milieu scolaire ‘’
Conférencier du jour
Ganel JOSEPH, Psychopédagogue de formation
Je tiens à féliciter
le staff de la JCI plus particulièrement le président, en l’occurrence Mr
Delmyr Germenson de m’avoir invité à prendre part à cette grande activité dénommée
‘’ foire du livre ‘’.
J’encourage vivement cette activité parce que, quand on encourage une personne à
lire un livre, on l’invite à faire des rencontres avec les autres, souvent on
dit c’est de l’altérité c’est-à-dire la rencontre des autres par la lecture. Je
suis présent par devant vous aujourd’hui juste pour voir ensemble l’importance
de la psychologie comme science dans le milieu scolaire ou à l’école. Voyons la
psychologie par définition, les grecques ont défini la psychologie comme ‘’ l’étude
de l’âme’’ mais les psychologues modernes l’ont définie comme ‘’ l’étude du comportement et des processus
mentaux’’. Parler de la psychologie à l’école, c’est de connaitre comment
fonctionnent les processus mentaux des apprenants. Dans les processus mentaux,
on trouve deux aspects : l’aspect cognitif et l’aspect affectif.
Dans l’aspect
cognitif, on trouve la raison, la mémoire, l’intelligence, intuition, compréhension,
aptitude etc. Et celui de l’aspect affectif, c’est l’amour, la sensation, émotion, sentiment etc.
On voit l’Éducation comme le grand ensemble et l’instruction le sous- ensemble,
une personne peut-être instruite mais, elle n’est pas éduquée et vice versa. L’Éducation
par définition : c’est la transmission des valeurs, des normes dans une société.
Et, l’instruction c’est la transmission des connaissances, des savoirs.
L’Éducation est
d’abord et avant tout un acte psychologique ou comme acte qui sollicite le
psychisme. Les influences de la psychologie sur l’éducation sont marquantes.
Pour, ainsi dire, l’éducation a, de prime abord, des fondements psychologiques.
Les théories psychologiques ont toujours orienté voire dominé les options pédagogiques
de l’enseignement et de l’apprentissage. Pour ainsi dire, les choix éducatifs
sont déterminés par une approche psychologique. Mais les premiers éducateurs
faisaient de la psychologie par l’éducation sans le savoir. Avec l’évolution du
temps et constitution méthodique des savoirs, les découvertes psychologiques
induisent incessamment des réajustements dans les façons de faire ou d’assurer
l’éducation par l’acte d’enseigner appuyant le processus d’apprentissage ou
l’acte d’apprendre.
Les théories de
l’apprentissage sont d’abord, des théories psychologiques que la sociologie
imite de plus en plus en procédant de la même pour rendre compte et recommander
des façons et modalités susceptibles de faciliter l’apprentissage en référence
au contexte.
Le constructivisme
et le socioconstructivisme sont entre la psychologie et la sociologie. Pour
mieux mettre en relief l’apport de la psychologie à l’éducation, nous allons
abstraire des théories psychologiques, les traits les plus saillants dans leurs
rapports à l’éducation.
Voyons les théories
de l’apprentissage : le constructivisme, le socioconstructivisme, le subjectivisme, la théorie
académique, la théorie systémique ou technologique, la théorie behavioriste, la
théorie sociale, la théorie sociocognitive, la théorie psycho cognitive, la théorie
humaniste, la théorie génétique, la théorie cognitive. Ces théories, pour
analyser leurs tenants et leurs aboutissants, leurs potentialités et leurs
limites, demandent un ouvrage spécifique. À cause de l’influence qu’elles ont exercée
sur les pratiques éducatives, nous en présentons les traits les plus saillants.
À noter que les théories
en question ne sont pas toutes de type psychologique. Il y en a qui sont des théories
sociologiques ou qui sont à la fois psychologique et sociologique.
Le constructivisme, théorie de
l’apprentissage, a été développé par Piaget en réaction au behaviorisme qui,
d’après lui, limitait trop l’apprentissage à l’association stimulus-réponse.
L’approche constructiviste met en avant l’activité et la capacité inhérentes à
chaque sujet, ce qui lui permet d’appréhender la réalité qui l’entoure.
Le socioconstructivisme suppose que la connaissance est une construction.
Néanmoins, cette construction serait d'ordre social et non individuel. Vigotsky
le premier a souligné l'importance de l'interaction sociale dans le
développement de la connaissance chez l'enfant.
Le subjectivisme : la psychologie du sujet, du
moi, de la conscience, par la connaissance de soi par soi, développé en étroite
collaboration et en complicité historique avec l’humanisme philosophique est la
systématisation de l’intériorité, de la vie intérieure, du pouvoir de se
connaitre sans avoir besoin d’un regard extérieur. Dans les sociétés
occidentales, de l’antiquité grecque ou socratique jusqu’au 19 ème siècle,
la psychologie était de posture essentiellement subjective et dominée
uniquement par l’introspection. Le connais-toi toi- même de Socrate a influencé
les idées, sur l’éducation et les façons de l’assurer.
La théorie académique ou classique : elle met
l’accent essentiellement sur l’apprentissage comme transmission des connaissances.
Ainsi, enseigner et apprendre constituent deux pôles : celui de la
transmission et celui l’assimilation des savoirs disciplinaires.
La théorie systémique ou technologique, met l’accent
sur les circuits de communication, à savoir émetteur (message), récepteur, code,
le matériel didactique et le traitement de l’information dans le processus
d’apprentissage. Elle s’appuie sur les concepts et les outils de l’intelligence
artificielle rendant possible la simulation des scènes de la réelle ou des expériences
de laboratoire. Elle privilégie l’amélioration du message par le recours à des technologies appropriées,
le visuel (panneaux, projections fixes), l’audiovisuel (films), la télévision, le
magnétoscope, le magnétophone, le vidéodisque, le disque compact et
l’ordinateur.
Le behaviorisme, met l’accent sur le
comportement, sur l’observable et l’observé. Il recourt aux reflexes conditionnés.
À partir du couple stimulus-réponse, il procède par ‘’ conditionnement’’ et ‘’
renforcement’’.
Les théories sociales, centrent l’acte
d’apprentissage autour des aspects sociaux et environnementaux de la vie éducative à partir des concepts de classes sociales, hérédité sociale et culturelle, de
provenance sociale des élèves, d’élitisme, de domination culturelle, de
handicap socioculturel.
Le socio cognitivisme, met l’accent sur les
facteurs culturels et sociaux intervenant dans la construction de la
connaissance. L’enseignement pour l’apprentissage doit développer les interactions sociales et culturelles qui façonnent
l’évolution de la personne dans la société.
Les théories psycho cognitives se soucient du développement
des processus cognitifs chez l’élève. Elles mettent l’accent sur les paramètres
interactifs dans le groupe-classe (MC Lean 1988).
Les théories humanistes, mettent l’accent sur la liberté
de l’élève, ses désirs et sa volonté d’apprendre. L’enseignant dans le processus
d’apprentissage, est seulement un facilitateur qui vise en continu
l’auto-actualisation de l’apprenant.
La théorie génétique ou psychologie génétique appelée encore
psychologie du développement, suppose une structure cognitive préexistante chez
tout apprenant. Elle facilite la mémorisation et constitue le point d’encrage
pour les nouvelles données ou connaissance à acquérir.
La psychologie cognitive, vise à élucider les mécanismes
de recueil, de traitement (image mentale, représentation), de stockage, de
structuration et d’utilisation de l’information dans un contexte de
communication. Les activités cognitives complexes consistent en des traitements
de représentations intégrées.
En définitive,
le processus de l’enseignement-apprentissage doit nécessairement s’inscrire dans
une perspective psychologique. L’enseignement et apprentissage doivent procéder
du choix de politique publique opéré par les acteurs éducatifs se situant au
niveau décisionnel. Les dispositifs scolaires doivent être préparés en conséquence.
Vive la
psychologie dans le milieu scolaire ou à l’école ! Vive l’enseignement-apprentissage bien ajusté !
Vive une éducation
de qualité en Haïti !
Référence
Delima
PIERRE : Constitutions, lois et Éducation en Haïti 1801-2011, éléments de politiques éducatives, Canada, Le
Béréen / Éditions Mémoire, 2014, 616 pages.